Abandonné à 6 ans, Joseph Pagulayan errait seul dans les rues de Manille, aux Philippines.
Sa survie reposait sur sa capacité à trouver chaque jour quelque chose à manger, « comme un chien des rues », dit-il. Il vivait sur le marché, où il gagnait quelques pesos en portant des seaux de poissons des camions qui livraient le poisson aux étalages des vendeurs, et il dormait là où ses pas le portaient la nuit.
Je le fais gratuitement, car je sais que la vie est trop difficile pour un enfant sans éducation, sans formation, sans parents ou quelqu'un sur qui se reposer.
Il n'y avait aucune place pour les rêves dans sa vie, se souvient-il. Juste un besoin de survivre.
Un jour, quelqu'un (il ne se rappelle plus qui) l'a emmené au Centre Lions pour les Enfants des rues. Pendant 10 ans, il y a trouvé de la nourriture, des vêtements, un abri et des amis. Il y a appris à couper les cheveux. Jusqu’à l’âge de 18 ans, c’était sa maison.
Pagulayan a maintenant 29 ans, il est marié, a deux enfants et travaille comme coiffeur. Il revient souvent au centre, sa maison, pour jouer de la guitare et couper les cheveux de jeunes garçons, qui l'adorent.
« Je le fais gratuitement, car je sais que la vie est trop difficile pour un enfant sans scolarité, sans formation, sans parents ou quelqu'un sur qui compter, » dit-il.
C'est grâce aux Lions que Pagulayan en est arrivé là. En1998, Emmanuel “Manny” Cuasay et Heracillo Palad, past gouverneur de district (aujourd'hui décédé), tous deux Lions de Quezon City, ont réuni les Lions et ont lancé cette injonction : « Faisons quelque chose pour les enfants ».
Faisons quelque chose pour aider les plus jeunes Philippins, ces milliers d'enfants qui jour et nuit errent dans les rues, n’ayant nul part où aller. Abandonnés, victimes d’abus, beaucoup ont des parents qui ne peuvent pas répondre à leurs besoins essentiels.
Sous l'impulsion de Cuasay, les Lions ont collaboré avec le service d’aide sociale de
la ville et, avec l'aide de la Fondation du Lions Clubs International, ont ouvert le Centre Lions pour les enfants des rues en 2000. En 2005, avec l'aide de la LCIF, ils y ont ajouté un Centre de formation et de subsistance où les enfants de 12 ans et plus acquièrent des compétences dans des domaines techniques et électriques, la cuisine, la menuiserie et la coiffure. L’objectif est de leur faire acquérir des compétences qu'ils puissent monnayer sur le marché du travail lorsqu'ils voleront de leurs propres ailes à 18 ans.
Près de 250 enfants vivent dans le village qui inclut quatre maisons, deux pour les garçons, deux pour les filles, âgés de 5 à 18 ans, dit Cuasay. Le ministre de l’aide sociale affecte du personnel au centre, mais cinq Lions de nos quatre Lions clubs du District 301 D2 gèrent la maison accueillant les garçons les plus jeunes. Les Lions clubs et d'autres organisations les soutiennent, dit Cuasay, mais les besoins quotidiens, comme les réparations et les problèmes avec les enfants, retombent sur les épaules des administrateurs, et surtout sur Cuasay, qui se rend au village au moins une fois par semaine.
« Je suis désolé de ne pas pouvoir faire plus », dit Cuasay. « Mais je suis content que nous puissions venir en aide à quelques enfants, parce que quelques enfants valent mieux qu'aucun. »
Jenelyn Cabrera, 26 ans, a aussi appris à couper les cheveux pendant les trois années qu’elle a passées au centre, devenu sa maison. Née dans une famille pauvre de la province du sud, elle a voyagé clandestinement sur un bateau en partance pour Manille où elle a rejoint le rang des enfants des rues errant sur le port, jusqu’à ce qu'un jour quelqu'un l'amène au village.
Elle vit maintenant dans une pension près de son travail, mais voyage loin pour aider son père et ses frères et sœurs, qui vivent dans un bidonville. Son père est menuisier et gagne 10 $ par jour.
« Je suis désolé que nos histoires heureuses soient bien plus rares que les histoires tristes », dit Cuasay. « Mais les choses se sont améliorées depuis que les Lions sont là. Pendant 17 ans, nous avons fait de notre mieux, améliorant petit à petit la vie des enfants marginalisés. Nous ne pouvons pas fermer la porte aux enfants. »